06/06/2015
Ma grand-mère Autin
Ma grand-mère Autin, soit dit en passant, avait entrepris un temps de m'apprendre à déchiffrer les mots dans un vieil album illustré des aventures de Gepetto, Jimmy Cricket et Pinocchio (Se dice delle bugie, piccolo, il suo naso si allungera!); des mal embouchés fissa avaient mis le holà à ce début d'instruction et m'avaient sans ménagement arraché à sa bienfaisance e à son affection. Par la suite, sitôt passée la saison des culottes courtes et de Gédéon le petit canard, puis celle déjà plus dissipée de Ribouldingue, Croquignol et Filochard, les bons pères qui, je ne sais trop comment, avaient hérité de moi comme d'une mauvaise fortune, ne me laissèrent non plus loisir de me familiariser plus avant avec les études en me flanquant à la porte de leur pensionnat de cambrousse sans autre bagage que mon âge tendre et ma tête de cochon. J'entrai à la Friterie Brunetti vierge devant la vie, même les honneurs du certif m'avaient été épargnés; ce sont les cafés qui m'ont instruits.
Pierre Autin-Grenier, Friterie-Bar Brunetti
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