02/06/2015
Marty
Sa respiration est forte et agitée.
- T'es pas obligé de parler, je dis.
- J'ai pas envie que tu sois rétabli, dit-il.
- Quoi?
- J'ai pas envie que tu sois rétabli. Tu comprends? Je veux dire, il y a une partie de moi qui veux que tu prennes cette porte demain, mais il y en a une autre qui veut que tu restes coincé ici avec moi.
Il prend une profonde inspiration.
- Désolé.
- T'excuse pas, je dis. C'est toi qui a proposé cette règle.
La tête à l'envers, les pieds aux murs - Rob Roberge
Publié dans Loire | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
29/05/2015
Joseph
Il dormait à plat sur le dos, la couverture et le drap tiré sur lui sans pli; la patronne avait enlevé le traversin et l'oreiller parce qu'il ne s'en servait pas, jamais, il le lui avait dit, il avait pris l'habitude dans les maisons de cure et l'avait gardée. La chambre est presque entièrement remplie par deux lits disposés tête-bêche. Il occupe celui qui fait face à la fenêtre, tout de suite à droite de la porte en entrant; l'autre lit est recouvert d'une couverture rouge et lourde.
Joseph, Marie-Hélène Lafon
Publié dans Loire | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
25/05/2015
Thelma
Mais à présent que Thelma a grandi et est devenue une jeune femme, elle souffre d'une phobie très particulière qu'aucun d'entre nous n'est parvenu à comprendre.
La phobie de Thelma est la suivante: elle a une terreur pathologique des portes à tambour.
Je travaille actuellement sur unr théorie selon laquelle cette phobie résulterait d'un "double complexe d’œdipe inversé avec salto arrière". En langage plus simple, il s'agit d'un complexe provoqué soit (1) par une peur anormale de la part de l'enfant de n'éprouver aucune peur anormale parmi les peurs anormales qu'il pourrait entretenir à l'égard d'un de ses parents, ou des deux, soit (2) par une hyperacidité de l'estomac.
Le cerveau à sornettes, traité d'Evitisme - Roger Price
Publié dans Et d'où, d'abord ? | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
23/05/2015
Un homme, du seul fait qu'il l'avait proféré, était obligé de croire au plus invraisemblable mensonge
Des citoyens d'une réputation irréprochable déposèrent qu'ils m'avaient vu prendre langue sur le ton le plus familier avec des cavaliers barbares lors de l'ouverture de la citadelle, site qui, selon leurs dires, m'était si bien connu que je m'y déplaçais comme chez moi, de sorte que j'avais naturellement pris la direction des opérations d'évacuation des morts. J'étais donc le seul susceptible d'avoir empoisonné les citernes, car, ainsi que l'exposa longuement l'un des officiers supérieurs présents, il allait de soi et il s'en portait garant, nul militaire n'aurait pu commettre une telle félonie. L'avocat de la défense prit le risque de déplaire en demandant à cet officier s'il était possible qu'un civil pénétrât dans l'enceinte de la citadelle. Il y eut un moment de gêne jusqu'à ce que le grand soldat optât pour un moyen terme: il fallait supposer que quelque jeune homme de troupe ait été leurré par de fallacieux discours au point d'ouvrir la porte à un pékin, se rendant ainsi complice, à son insu, d'un crime monstrueux. Je fus saisi par une pensée qui, naïf que j'étais, ne m'avait jamais effleuré. Un homme, du seul fait qu'il l'avait proféré, était obligé de croire au plus invraisemblable mensonge. Cet officier soutenait l'hypothèse la plus absurde qui puisse se concevoir avec une entière bonne foi.
La Barbarie, Jacques Abeille
Publié dans Loire | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
20/05/2015
Porte-monnaie (tout cuir)
Publié dans Bourgogne | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
17/05/2015
Tout un foin (et beaucoup de lumière)
Publié dans Var | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
14/05/2015
Passez
Publié dans Charente | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
10/05/2015
Bonne impression
Publié dans Rhône | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
04/05/2015
J'ai préparé mes habits
Il n'y avait rien à ajouter. Je suis parti m'enfermer dans ma chambre. Elle m'horripile, maman, quand elle me prend encore pour un enfant.
J'ai préparé mes habits en prévision du lendemain, le costume, la cravate, ces chaussures hideuses, et je me suis couché.Impossible de dormir. Les yeux ouverts, je luttais contre des idées noires. C'était vrai que je m'étais bêtement mis en avant. Quel besoin avais-je eu de signer c e papier? L'action de masse est une chose, jouer les héros en est une autre.
Comme si rien, Jean-Noël Blanc
Publié dans Bourgogne | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
30/04/2015
Le valet
"Aie aie aie! glapit le valet en tapant du poing par terre. Putain! Putain de manoir! Que la peste les emporte, les salauds!"
Les femmes détournèrent le regard. Le spectacle d'une telle souffrance chez un être humain créé à la ressemblance de Dieu était insoutenable. Même le chien se gratta et sortit sous la pluie, sans pour autant éprouver de compassion particulière pour le malheureux: il n'était qu'un animal dépourvu de raison, qui vaquait à ses propres affaires.
"Encore une victime du manoir!" marmonna dans le coin de la salle la grand-mère infirme de la ferme voisine, qui s'était traînée elle aussi jusque-là. En dépit des paroles réconfortantes du fermier, il semblait bien que la mort n'allait pas tarder à arriver. Elle devait déjà être dans l'entrée, en train d'ôter son manteau de corps osseux.
"Eh bien, où est donc ce malade?" demanda justement une voix depuis la porte. Mais non, ce n'était pas la mort, seulement le granger que tout le monde attendait, un vieil homme déjà, mais qui avait toujours bon pied bon œil. Une grande canne à la main, il entra dans la salle et hocha la tête en voyant le valet.
Les groseilles de Novembre, Andrus Kivirahk
Publié dans Cantal | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
23/04/2015
Bunny
Bunny Junior consulte sa montre et se demande ce qui retient son père si longtemps. Il regarde en direction de la petite maison mitoyenne dans laquelle Bunny est entré et voit, sans l'entendre, la porte d'entrée s'ouvrir et son père projeté en arrière dans les airs, les bras écartés, comme propulsé par un canon. Le garçon voit son père atterrir en catastrophe sur le sentier du jardin et ne plus bouger. Il voit, sans l'entendre, la porte se refermer brutalement. Puis, avant même d'avoir réfléchi à ce qu'il devrait faire, la porte, s'ouvre à nouveau et la mallette de son père exécute un vol plané dont la trajectoire est assez similaire à celle de son propriétaire, puis explose sur le sentier, déversant sur le gazon abîmé sa cargaison de flacons et de dosettes.
Mort de Bunny Munro, Nick Cave
Publié dans Bourgogne | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
20/04/2015
Albert Lippincott
Il s'extrait du lit avec difficulté, et longe le couloir, courbé en deux, cherchant d'une main le mur à tâtons tandis que l'autre soutient son ventre chaviré. Il pénètre dans la salle de bains d'un pas chancelant, allume la lumière, ferme la porte, baisse son short (son érection, eh oui, a déjà disparu), s'assied sur les toilettes et se vide dans un vacarme de tous les diables. Il geint, il gémit: c'est plus fort que lui. La torpeur codéinée s'est totalement dissipée, la frontière entre lui et le monde extérieur est désormais parfaitement nette, et il sent une partie de lui-même se fondre avec l'environnement. Son corps se fige brusquement. Il se met à trembler. Gillian ne vient pas frapper à la porte, cette fois-ci, elle ne lui demande pas si tout va bien.
Mailman, J. Robert Lennon
Publié dans Bulgarie | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
17/04/2015
Jake
Mlle Emma Gadderly, l’assistante sociale du comté, apprit à Jake qu'il lui était impossible, en conscience, de recommander qu'on lui confiât la garde du petit Johnny. A peine les échos du beuglement qu'il poussa alors étaient-ils éteints qu'elle égrena les raisons de son attitude: il avait dit-elle, près de quatre-vingt ans et ne pouvait certainement pas compter vivre encore bien longtemps. Il jouissait d'une triste réputation de buveur et de joueur. Il n'y avait aucune présence féminine dans son foyer. Ses terres avaient été mises en état de saisie par l'administration fiscale. Enfin, en toute franchise, à la lumière de l’existence d'un héritage substantiel, on pouvait douter de la pureté de sa motivation profonde.
Jake, écumant, ponctuant sa réplique de féroces coups d'un hachoir qu'il brandissait de sa main gauche, lui fit savoir à son tour que soixante-dix-neuf ans étaient une rigolade pour un Immortel! Que le jeu et la boisson transformaient les blancs-becs en hommes dignes de ce nom; qu'il existait, en fait, une présence femelle au foyer: c'était une jeune chienne griffon bleu répondant au doux nom de Nookie; qu'il comptait bien faire le don du ranch à son petit-fils en échange des sommes qu'il lui apportait; qu'elle n'avait pas à venir foutre son nez dans sa motivation profonde! Il lui assura que, si elle cherchait à s'interposer, le dernier acte de sa vie consisterait à se présenter devant la cour d'assises, parce que l'avant-dernier serait d'étrangler Mlle Emma Gadderly de ses propres mains. Il réussite à lui faire franchir à reculons le seuil de sa porte, en faisant de grands moulinets avec son hachoir à viande, mais il ne parvint pas à la faire changer d'avis.
L'oiseau Canadèche, Jim Dodge
Publié dans Loire Atlantique | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
14/04/2015
Printemps d'une chaise
Publié dans Haute Loire | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
10/04/2015
Pavé frappé
Publié dans Gard | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
07/04/2015
Le cercle des intimes
Publié dans Charente | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
02/04/2015
Pour un moment d'écriture [sous le coude]
Publié dans Charente | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
30/03/2015
Rencontres sur un paillasson disparu
Publié dans Charente | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook
24/03/2015
Waiting on an angel
Publié dans Bretagne | Lien permanent | Commentaires (2) |
|
Facebook
20/03/2015
Vaciller
Publié dans Bretagne | Lien permanent | Commentaires (0) |
|
Facebook