26/10/2012
Offrande à Saint Isidore
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24/10/2012
Mario
Après avoir réglé sa note, Pierre est dirigé vers une cage d'escalier aveugle dont il ne connaissait pas l'existence. Après avoir descendu un palier, il découvre qu'il a oublié ses gants, sans doute sur le bureau de la secrétaire. Il revient sur ses pas et se bute à une porte verrouillée. Contrarié, il reprend la descente en se disant qu'il va devoir faire le tour du bâtiment pour les récupérer. Au palier suivant, la porte ne cède pas plus que la pprécédente. Alors qu'il commence à s'interroger sur les motifs qui pourraient justifier qu'on verrouille les portes de tous les étages, il accélère le pas et prend conscience que tous ceux qui l'ont précédé dans la salle d'attente ne sont pas repassés devant lui par la suite.
Il se demande s'il est arrivé quelque chose à Mario.
Une visite, Marc Rochette - Dans recueil "Foutaises" de la revue xyz (Québec)
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18/10/2012
Ce qui se tient derrière
Lorsqu'elle était toute petite, l'été, Lucie s'approchait prudemment de notre maison. Elle nous regardait lire au soleil. Elle parlait peu, se contentait de nous fixer en souriant, debout dans la lumière. Minuscule et ronde, dans ses vêtements très simples, elle intimidait par sa beauté. Jamais depuis je ne l'ai vue sans ce sourire qui concentrait l'évidence rayonnante de sa personne et, au-delà, les animaux qui passait lentement derrière elle, les cloches annonçant le retour des troupeaux pour la traite du soir, la montagne. Devenue presque une jeune fille, quand la maladie l'a eue dépouillée de ses cheveux, de la couleur radieuse de ses joues, le sourire demeura.
Le mal avait transformé l'enfant blonde et dorée en adolescente blême et chauve comme un mannequin. Il aurait pu tout lui prendre, le sourire lui serait resté. À s'être défait de ce qui paraissait le soutenir, il avait gagné en force, se dépensait avec la même générosité distraite et familière. Il se déployait pour lui-même, pareil à la fixité inaltérable d'un beau jour. À l'annonce de sa mort, j'ai revu tout cela. Toutes les apparitions de la Lucie enfant sur le chemin, tous les jours d'été où ses yeux se fixaient sur nous s'étaient fondus dans ma mémoire en une seule apparition miraculeuse, un unique jour d'été. Lucie nous avait dispensé en une fois toute l'enfance. Nous avons pris conscience, à ce moment de l'annonce de sa mort, de la prégnance de cette image. [...]
Ce que nous ignorions, à la contempler dans ces jours de sa petite enfance, c'est que nos larmes un jour en viendraient. Elles commençaient là. Que les qualités de ce qu'on aime nourrissent en secret les chagrins, on l'ignore presque toujours. On ne veut pas le voir. On le pressent cependant, dans la crainte qui s'attache aux choses vraiment belles, on tourne autour, on se garde d'ouvrir la porte, sachant ce qui se tient derrière, avec sa face atroce. Vivre n'est possible que si la porte demeure fermée.
Pierre Jourde, Pays perdu
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12/10/2012
le long
Mortuaire dans mon souple manteau couvert de peignes d'où l'on n'a pas encore retiré les cheveux de la femme que je cherche et qui pourtant m'accompagne le long des rues où il ne manque que les gens et les portes, l'air que j'aspire dans de grands verres en métal dont les parois résonnent selon une partition en parchemin brûlé où la joue d'une fillette du neuvième siècle se posa par un après-midi trop chaud.
Somnambule, les paumes ouvertes, je pousse l'obscurité, ma seule lanterne: cette femme à moitié léopard, bel arbre.
André du Bouchet
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09/10/2012
Au front
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05/10/2012
qu'en fuyant
Et qu'avez-vous fait du poulet d'hier? dis-je. Le visage de Marthe prit une expression de triomphe. Elle s'attendait à cette question, c'est évident, elle comptait dessus. J'ai pensé, dit-elle, que vous feriez mieux de manger chaud, avant votre départ. Et qui vous a dit que j'allais partir? dis-je. Elle alla vers la porte, signe certain qu'elle allait lancer une flèche. Elle ne savait insulter qu'en fuyant. Je ne suis pas aveugle, dit-elle. Elle ouvrit la porte. Malheureusement, dit-elle. Elle referma la porte derrière elle.
Samuel Beckett, Molloy
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03/10/2012
que j'oublie de compenser
Mon trousseau de clefs est énorme, il pèse plus d'une livre. Pas une porte, pas un tiroir chez moi, dont la clef ne m'accompagne, où que j'aille. Je les porte dans la poche droite de mon pantalon, de ma culotte en l'occurence. Une chaîne massive, attachée à ma bretelle, m'empêche de les perdre. Cette chaîne, quatre ou cinq fois plus grande qu'il ne faut, repose, lovée, dans ma poche, sur le trousseau. Le poids me fait pencher à droite quand je suis fatigué et que j'oublie de compenser, par un effort musculaire.
Samuel Beckett, Molloy
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01/10/2012
J'insiste
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